lundi 14 janvier 2013

Histoire de pieds.

La liberté des uns commence où s'arrête celle des autres. Certes. Mais très souvent, ce sont des libertés n'offensant en rien l'environnement d'autrui qui sont réduites, détruites, bafouées, sous la simple excuse de l'ordre, la bienséance, ou la norme. Gare donc à ceux qui souhaitent s'en détacher !

 Hyères, 06/01/2013

Remise en situation. 
Je me baladais tranquillement dans les allées de la Bibliothèque Nationale Française, initiée par notre bon roi François Mitterrand. Plus précisément, j'errais entre l'aile Ouest et l'aile Est et j'admirais l'exposition photo qui présentait le travail de jeunes talents. Je vous conseille d'ailleurs d'aller y jeter un coup d’œil, c'est gratuit et 'ach'ment beau.
Le sol est une moquette rouge fortement confortable, et il bruine dehors, ce temps typiquement parisien, pour lequel il serait indécent de donner à ces microgouttes qui tombent la qualité de vraie pluie. De mon côté, j'avais eu la bien mauvaise idée de mettre mes ballerines neuves, qui m'arrachaient petit à petit la peau délicate de mes petons de princesse. La douleur se faisant plus perçante à chaque pas, je décide d'ôter les infâmes chaussures. Je continue donc d'errer dans le grand couloir, appréciant à chaque mouvement l'air sur mes pieds nus et endoloris, et la douceur de la moquette sur mes plantes régénérées. Un délicieux sentiment de liberté s'empare de moi, à mesure que j'admire les œuvres qui s'offrent à moi, exprimant elles aussi le désir de chaque être humain de liberté, de plaisir simple et de création. 
Tout est parfait. 

 Hawaii, Décembre 2011

Soudain, un pantin en uniforme, se remettant difficilement du plaisir masturbatoire que lui procure son brassard "SECURITE" sur le bras, me harrangue: 
"Mad'moiselle ! Chaussures s'il-vous-plait". 
Préférant éviter un scandale public, et ne me sentant pas la force de m'opposer à un représentant de ce cher Etat libertaire qu'est la France, je m'exécute en bougonnant "Ok, mais j'vois pas ce que ça change..."
Sur ce, l'uniforme me répond: "Vous remettez vos chaussures, c'est logique !" sur un ton stoppant toute velléité de discussion.
L'imbécile ! Invoquer la logique à la suite de son injonction arbitraire ! Quelle logique y a-t-il de refuser à un être humain le simple plaisir de marcher pieds nus où bon lui semble? Aurait-il eu peur que je porte plainte pour les éventuelles mycoses que cette prise de liberté aurait pu m'apporter? Ou a-t-il cru que l'idée allait se propager et que le commerce des souliers allait s'effondrer, mettant à la porte des millions d'enfant chinois qui ne pourraient plus subvenir aux besoins de leurs familles?
Invoquer la logique, alors que ce comportement humain, comme l'immense majorité de nos comportements, à savoir le port de chaussure, n'est qu'un comportement totalement arbitraire, comme peut le prouver bon nombre de sociétés humaines se passant de quoi que ce soit à leurs pieds ! 
Invoquer la logique, alors que le port de chaussures n'existe que pour des questions de confort (je vous l'accorde, c'est fichtrement pratique à Paris). Invoquer la logique, alors que justement, je les avais ôtées pour cette même question de confort ! Alors, imbécile, quel est le plus logique? Les garder pour la bienséance, et souffrir, ou les ôter, et profiter du doux plaisir éphémère de la douleur envolée?
Cette société perd la notion même d'humain, où, par respect pour une norme incompréhensible, pour une bienséance inutile, on va empêcher aux gens de profiter des plaisirs les plus simples. 

Etréchy, 09/02/2012
Bon, certes, je ne suis pas Nelson Mandela et cette "perte de liberté" ne va pas m'empêcher de vivre. La preuve, j'ai remis mes chaussures sans trop broncher, et je suis encore en vie, avec mes deux pieds. Mais réfléchissons un peu à ça. Ce sont les gestes du quotidien qui font la société. Et c'est cette "logique" pas si logique que ça qui gouverne bon nombre de nos comportements, qu'ils nous rendent heureux ou malheureux...

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